2014 – Nous les femmes, quelle Europe voulons-nous?

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Présentée par :

 

Madame Marie ARENA, Sénatrice

C’est avec un grand plaisir que le Centre Femmes / Hommes – Verviers a accueilli Marie Arena au Centre afin de lui permettre de nous tracer un tableau réel des discriminations dont sont encore victimes les femmes actuellement C’était aussi l’occasion de revenir sur les dérives et les inégalités liées à cette problématique, aussi bien en Belgique que dans les différents pays européens.

 

La Présidente lut son discours d’accueil au cours duquel elle remercia chaleureusement Marie Arena, Sénatrice, féministe convaincue et Experte en la matière, pour sa présence. Elle exposa ensuite les objectifs du Centre pour l’année 2014.

D’après une étude commandée par l’Internationale des Services publics et parue en juillet 2012, il apparaît que la crise économique et les mesures d’austérité strictes imposées par de nombreux gouvernements réduisent à néant ce que les femmes avaient réussi à obtenir ces 30 dernières années.

Pourtant, les femmes représentent 51 % de la population mondiale et 53 % de la population européenne. Il est légitime de leur rendre leur place au sein de la société, place qui leur est acquise, par la signature du traité de Rome en 1957 et du traité d’Amsterdam en 1997 : « l’égalité entre les femmes et les hommes constitue un droit fondamental et une des valeurs communes parmi les pays membres de l’Union européenne ».

Qu’en est-il ? Alors que la crise économique bat son plein, nous enregistrons une recrudescence des menaces patriarcales quant au travail des femmes. Les salaires de celles-ci sont encore considérés comme salaire d’appoint, secondaire tandis que ceux des hommes sont considérés comme « pourvoyeurs des revenus de la famille ».

Les hommes continuent à gagner en moyenne 20 à 25 % de plus que les femmes, la violence envers les femmes est toujours omniprésente et les femmes accomplissent encore les deux tiers des tâches domestiques non rémunérées. Elles sont les plus nombreuses dans les emplois les moins qualifiés ou précaires, voire des emplois à temps partiel.

Si les femmes représentent 53 % de la population en Europe, elles n’occupent que 35 % des sièges au Parlement et 19.3 % dans les Parlements nationaux ! Nous devons réagir !

Le Pacte pour l’Egalité F / H établi en 2006 est un engagement politique pris par tous les pays européens et il doit être respecté.

Le débat vise à sensibiliser le public sur la nécessité de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines tant dans la vie publique que dans la sphère privée, l’égalité des genres, à savoir : l’égalité salariale, le respect, la liberté, la justice, le renforcement du pouvoir par les femmes, au niveau de la communication et des méthodes de travail, …

Marie Arena débuta son exposé et, en guise d’introduction, souligna que dans notre pays, nous avons de la chance car le gouvernement prend au sérieux les questions relatives au bien-être des femmes.

Actuellement, dans l’agenda politique, on constate un petit retrait concernant la priorité des femmes et cela est dû à différents facteurs comme, entre autres, l’important travail sur le terrain des mouvements féministes. La loi ne fait pas tout car il existe encore des discriminations flagrantes entre femmes et hommes. Il ne devrait y avoir aucune discrimination liée aux genres. L’intérêt est aussi de conserver la différence entre les femmes et les hommes, sans impliquer de relativisme dans le droit des femmes…

Ensuite, Marie Arena revint sur son parcours personnel. Issue d’une famille italienne catholique, sa mère voulut travailler très vite afin d’obtenir son autonomie et elle trouva rapidement un emploi à Bruxelles malgré l’avis négatif et très traditionnel de sa belle-mère. Par son féminisme exacerbé, la mère de Marie Arena, la dirigea, elle et sa sœur vers des études. C’est ainsi qu’elles poursuivirent des études supérieures alors que leur frère préféra exécuter un travail manuel, comme son père. Leur mère s’occupait alors uniquement de l’éducation de ses enfants et de la maison et gérait, seule, l’argent destiné à l’ensemble de la famille.   Le père de Marie Arena était porteur d’une valeur traditionnelle. Il travaillait en pauses dans le domaine de la sidérurgie. Leur mère était le pilier de la famille et gérait toute l’intendance familiale. Pour cette dernière, le travail était primordial et il fallait rester sur le marché du travail à tout prix. Il lui semblait que la contraception était indispensable pour ses filles car, selon elle, un enfant arrivé trop tôt aurait risqué de casser une carrière déjà bien lancée.

Après cette parenthèse sur sa vie personnelle, Marie Arena expliqua qu’actuellement, il subsiste encore de nombreuses injustices et discriminations à l’égard des femmes. On en répertorie un très grand nombre : elles sont physiques, psychologiques, financières, … L’Europe a tendance à donner des valeurs et des normes à atteindre. Dans les droits fondamentaux tels que les droits à l’égalité F/H, l’Europe doit être un moteur de la promotion de ces droits. Un standard émis par l’Europe devrait être suivi par tous les pays. Il suffirait de connaître les indicateurs importants au niveau du genre pour en retirer les objectifs importants et essayer de les atteindre après différentes étapes. Il faut des indicateurs stables afin d’obliger les pays à se maintenir aux positions déterminées par l’Europe. L’Etat doit prendre des mesures dans de nombreux domaines, notamment, concernant l’avortement, la prostitution, la violence à l’égard des femmes, … Il faut établir des plans coordonnés et avoir un Commissaire qui s’occupe de la question du Genre, comme il existe un Commissaire à l’Environnement.

La politique du Genre doit être coordonnée au niveau de l’Europe. L’égalité F/H est une grande avancée dans certains pays mais recule cependant dans d’autres. Il faut remettre à jour ces données pour tous les pays européens et établir une norme européenne unique.

Il est vrai que l’égalité F/H est à un moment donné une perte du pouvoir exercé sur la femme ou l’homme mais il est pourtant primordial de défendre cette égalité quelles que soient nos cultures, valeurs, origines, …

Une société où le droit des femmes n’est pas défendu est une société rétrograde. Il suffit de regarder les avancées réalisées dans certains pays et on constate immédiatement que le droit des femmes est bien défendu.

Heureusement que de nombreuses femmes, comme Marie Arena, sont des militantes et combattent ces phénomènes discriminants mais leur combat n’est pas terminé, il faut continuer.

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