2022 – Conférence / Débat : « Sensibilisation aux risques de MGF (mutilations génitales féminines) » présentée par le GAMS Section Liège »

Cette animation a été menée par Louise et Fos du GAMS Liège. 

Pour commencer, nos participantes ont été invitées à définir un cadre ensemble pour cette présentation qui, par son thème, peut être anxiogène pour certaines : confidentialité, écoute, non jugement, droit de dire stop à tout moment… sont quelques exemples de souhaits qui sont ressortis de cet échange.

Après avoir fixé ces balises, le mot « mutilation » est alors écrit et les personnes présentes ont dû dire ce que ça leur évoquait : perte, douleur, blessure, manque, peur du regard de l’autre, … sont très naturellement venus s’inscrire sur le tableau. 

Pour faire écho à ces mots, l’animation a continué avec des témoignages vidéo. Trois dames excisées, dont la présidente et créatrice de l’asbl GAMS, Khadidiatou Diallo, et un homme, membre d’une famille où les mutilations génitales sont présentes. Ces femmes racontent le jour de leur excision : l’ignorance de la « fête » à laquelle elles se rendaient, la douleur, la mort d’une des jeunes filles excisées suite à un problème d’hémophilie, le changement dans leur vie intime où juste soulager une vessie devient un parcours du combattant. 

On apprend que dans les cultures concernées par les mutilations génitales, ne pas être excisée ou infibulée fait d’une femme une personne sale, souvent rejetée par les femmes de la famille et considérée par les hommes comme une fille de joie. L’excision peut être procédée à tout âge, parfois contre la volonté des parents, les filles emportées de force par certaines matriarches de la famille lors de vacances dans le pays d’origine. Il arrive également qu’une femme soit excisée deux fois sous prétexte que la première excision n’était pas assez courte. Il résulte souvent de ces cas d’une seconde coupe plus franche, plus douloureuse et parfois mortelle. 

Il y a également aussi le choc et la remise en question qui peut prendre du temps lorsque des femmes, qui ont toujours vécu en Afrique, découvrent à travers une consultation gynécologique « européenne » que ce qu’on leur a fait subir à travers l’excision n’est pas « normal ». De plus, les gynécologues de notre pays ne sont pas toujours sensibilisés à la question des mutilations et peuvent eux-mêmes avoir des blocages et ne pas savoir quoi faire devant l’anatomie particulière d’une femme infibulée.

Par chance, il existe à l’heure actuelle des opérations de reconstruction qui peuvent être effectuées, cependant celles-ci ne sont pas toujours bien vues dans les communautés et peuvent entraîner l’exclusion.

La présentation continue ensuite sur les origines supposées égyptiennes des mutilations génitales mais sans compréhension actuelle des historiens de sa mise en place. Louise et Fos nous expliquent les différents types d’excisions ainsi que la prévalence des mutilations. Souvent, on associe mutilations génitales et Afrique mais on peut voir sur la carte que ces pratiques se retrouvent partout sur le globe avec également des chiffres importants en Asie.

Les intervenantes nous expliquent ensuite le rôle du GAMS et des actions menées quotidiennement dans la lutte contre les mutilations génitales : sensibilisations, suivis médicaux et psychologiques et prévention : à Verviers par exemple, à chaque accouchement d’une petite fille par une femme originaire d’un pays « à risque », Fos reçoit les familles pour les prévenir qu’en Belgique, l’excision est interdite et que cette interdiction couvre la petite fille même à l’étranger. Celle-ci aura un suivi gynécologique récurrent durant son enfance afin de vérifier l’intégrité de son appareil génital. Dans le cas où une excision serait constatée par le personnel soignant, les parents seraient tenus responsables pénalement et passibles d’une peine de prison.

La question des exciseuses est aussi soulevée. En effet, celles-ci jouissent dans leur pays d’un statut important et l’excision est, pour elles, une source de rémunération. Des solutions doivent alors être trouvées pour leur offrir un nouveau statut, peut-être comme sage femme dans les hôpitaux. Pour clôturer la rencontre, l’équipe du GAMS nous conscientise au fait d’oser parler des mutilations. Certaines femmes ne savent pas toujours vers qui se tourner pour mettre des mots sur leurs douleurs, leurs soucis gynécologiques ou leurs problèmes de sexualité. Des professionnels existent et leur faire prendre connaissance de ceux-ci, c’est déjà faire avancer les choses.. Alors à vous qui lisez ceux-ci, n’hésitez pas à en parler à des personnes qui pourraient être concernées !