2022 – Conférence / Débat : « Présentation du rapport du diagnostic communautaire mené dans le cadre du Réseau bruxellois contre les MGF »

Discours de la présidente

Bonjour à toutes et à tous,

Aujourd’hui, nous accueillons et nous remercions Madame NGUENA, Coordinatrice des réseaux bruxellois et wallon des GAM’S – Stratégies concertées de lutte contre les mutilations génitales, et sa collaboratrice.

Chaque année, 3 millions de jeunes filles dans le monde risquent l’excision.

Or, il faut qu’on sache qu’une excision peut provoquer des hémorragies graves, des problèmes urinaires, des infections à répétition et par après des complications lors de l’accouchement, pouvant même entraîner la mort de l’enfant.

Selon l’OMS, dans certains pays d’Afrique plus de 90 % des femmes entre 15 et 49 ans ont été excisées. Cette pratique brutale traverse les appartenances religieuse, l’habitat, les couches sociales et les âges. C’est sans doute parce qu’elle concerne le statut du corps féminin et la façon dont celui-ci est considéré comme acceptable ou non aux yeux de la société.

L’excision constitue un problème majeur de santé publique mais aussi un défi pour toutes celles et ceux qui se battent en faveur de l’égalité des sexes car le corps des femmes reste encore et toujours l’objet de contraintes et d’appropriations qui sont autant d’atteintes graves aux libertés des femmes ainsi qu’à leur dignité.

Ces pratiques se font d’ailleurs dans la clandestinité.

Les personnes qui se font attraper sont fortement punies.

Dans nos pays européens, il y a plus de 180.000 fillettes, d’origine africaine qui se font encore exciser. La diffusion d’informations et de documentations sont avant tout une action de sensibilisation.

Elle est bien nécessaire si nous voulons enrayer ces mutilations génitales féminines.

C’est pour cette raison que nous avons choisi de vous faire connaître aujourd’hui « les GAMS », une organisation de personnes concernées par les mutilations génitales féminines qui les combattent.


Rapport de la rencontre

Marianne NGUENA est la coordinatrice du réseau des stratégies concertées de lutte contre les mutilations génitales féminines en Wallonie et à Bruxelles  et est également coordinatrice du réseau international de la communauté des pratiques qui réunit les professionnels d’Afrique, d’Europe et d’Amérique du nord.  Ces deux réseaux sont coordonnées par le GAM’S Belgique.  Généralement, on y parle d’excision.

Qui a déjà entendu parler d’excision dans le groupe ?  Personne ne répond et ne semble savoir de quoi il s’agit.

L’excision est définie comme l’ablation totale ou partielle des organes génitaux féminins.  C’est le fait de couper le clitoris ou les petites et grandes lèvres. 

Selon l’OMS, on a classifié les mutilations génitales féminines en 4 types :

  • La clitoridectomie ;
  • La découpe du clitoris et des lèvres internes ;
  • L’infibulation : couper le clitoris et recoudre les lèvres externes pour ne laisser passer que l’urine et le sang ;
  • Toute autre opération et manipulation sur l’appareil génital féminin sans aucune raison médicale.

Madame Nguena est ici pour présenter une étude.  De 2018 à 2021, son collectif a réalisé un diagnostic communautaire avec comme objectif de discuter avec les femmes qui ont subi l’excision et d’identifier avec elles leurs besoins en termes de santé, et plus précisément sur la sexualité et les droits sexuels et reproductifs.  Cette étude a été menée à Bruxelles et une étude identique a été menée en Wallonie.  Cette  étude est très riche.

Le réseau des stratégies concertées réunit tous les acteurs qui travaillent sur la thématique : les professionnels de la santé, les asbl comme la nôtre, les professionnels de la petite enfance, l’ONE, …   Des activités sont organisées avec ces professionnels qui se concertent et dégagent des bonnes pratiques pour informer les femmes et préserver les petites filles à risques. 

On pense à tort que les MGF sont uniquement pratiquées en Afrique sub-saharienne mais selon un rapport rédigé par le réseau européen de lutte contre les MGF, il a été établi que les MGF existent dans plus de 90 pays dans le monde.   Elles se pratiquent aussi bien en Afrique du Nord, au Pakistan, qu’en Syrie, …  Il y’a aussi des communautés en Amérique latine qui les pratiquent.  Il s’agit d’un problème de santé publique majeur.

L’objectif est de pouvoir apprendre de cette thématique et de pouvoir sensibiliser le public à celle-ci.  Chacun pourra poser ses questions en fin de rencontre.

On a remarqué que la santé mentale des femmes excisées était déficiente : mal-être, manque de sommeil, solitude, … 

On a aussi abordé la santé sexuelle et reproductive avec elles, et notamment, la contraception.  Le mot « contraception » ne parle pas aux hommes du groupe mais les femmes sont bien au courant.  Grâce à la contraception, la femme sait si elle veut un enfant ou si elle n’en veut pas.  Auparavant, on ne pouvait pas refuser un enfant et de tous temps, les femmes ont essayé de ne pas avoir trop d’enfants car autrement, cela allait contre leur santé.  Ce sont toujours les femmes qui se sont occupées de cela.  Le contrôle des naissances est permis grâce aux moyens de contraception. Mais ces femmes manquaient d’informations et, d’après elle, c’est Dieu qui donne l’enfant et il ne faut pas aller à l’encontre de Dieu, … On a ainsi appris que l’homme n’était pas d’accord pour que les femmes utilisent des moyens de contraception.  Elles avaient peur des risques et craignaient que cela se remarque sur elles et donc de les stigmatiser.  Ces constats font partie des barrières à la contraception.

Témoignage de Mariama, femme guinéenne de 30 ans, vivant en Belgique

C’est un gros problème car la contraception, je ne l’utilise vraiment pas.  Le médecin m’avait dit que si je décidais d’avoir des rapports sexuels, je devrais aller le voir mais comme mon copain est médecin, il sait comment cela fonctionne tout ça, mais moi non. Je sais que je dois aller voir le gynécologue mais il y’a plein d’hormones dedans et c’est difficile parce que dès que tu commences à prendre les contraceptifs, tu as vraiment une vie sexuelle et pour moi, c’est un peu inacceptable même si je suis dedans.  C’est un peu hypocrite mais chez nous, on a l’impression que quand tu commences à avoir des rapports sexuels, tu as l’air plus mature.  En fait, moi, mes parents, à chaque fois qu’ils me voient, j’ai 30 ans, ils me trouvent super en forme, donc je me dis qu’avec les hormones, j’aurai peut-être l’air d’une personne plus âgée …

Mariama ne prend pas de contraception car elle a peur d’avoir l’air plus âgée et que tout le monde sache qu’elle l’utilise.  Elle ne serait plus « pure » et cela poserait un problème.

Témoignage de Kuruma, femme guinéenne de 50 ans, depuis 5 ans en Belgique mais toujours sans statut

Certaines se cachent pour en parler mais elles prennent des moyens de contraception car certains les jugent. 

L’influence du regard des autres conditionne et oblige ces femmes à ne pas avoir recours à la contraception ou à se cacher pour en prendre.  La peur du regard des autres est importante car elles semblent ne plus être « pures » et avoir une vie sexuelle active.

Quand on a entendu cela, on a trouvé important de renforcer l’accès aux informations disponibles et de donner la capacité aux personnes de pouvoir s’en saisir.  Il fallait renforcer l’information mais aussi la rendre compréhensible par tous et traduire les documents dans différentes langues parlées par le public ; nous travaillons actuellement sur ces documents afin que toutes les femmes et les hommes y aient accès. 

Ensuite, on a parlé avec ces femmes du VIH, des IST et du HPV.  Ces maladies sexuellement transmissibles ont été abordées au cours de l’étude et on s’est rendu compte que ces femmes avaient des connaissances différentes sur la question et on a constaté qu’elles avaient peur de se faire dépister.  Elles pensent que si on a le sida, on est condamnée à mourir.  Elles confondaient aussi les différents tests.  Une participante a dit que si on avait un test positif au sida, il ne fallait pas en parler car les gens penseront qu’on va mourir même si on a des médicaments. 

Une autre pense que les gens vont se demander pourquoi on se présente au test de dépistage et que quand on aura le résultat, d’autres personnes le sauront et risqueront d’en parler à d’autres.  L’avis des autres est important et les femmes se posaient beaucoup de questions quant à l’idée d’aller faire un dépistage.

Concernant les grossesses non désirées et l’IVG, ces femmes ont exprimé leur refus de pratiquer une IVG car elles risquaient d’être rejetées par la communauté et au niveau de la religion, c’est interdit.  Il y’a beaucoup de tabous au niveau de l’avortement et celles-ci ont peu d’informations à ce sujet.

Autre témoignage de Mariama, femme guinéenne de 30 ans, vivant en Belgique

Je ne suis pas mariée et pour déconner, si je disais que je n’ai qu’un seul choix, ce serait de se marier.  J’ai commencé à travailler il y’a 4 mois mais je ne peux pas me permettre de tomber enceinte maintenant.  C’est comme si je tuais quand même un fœtus.  Je ne pourrai pas garder l’enfant parce que mes parents vont me tuer.

On voit que Mariama a décrit comment elle voyait l’avortement  qui va à l’encontre de sa religion.  C’est un peu compliqué mais elle comprend à quoi servirait l’avortement.  N’étant pas mariée, elle ne pourrait pas avoir d’enfant car elle n’est pas censée avoir un enfant avant le mariage.

En parlant avec ces femmes, la sexualité est vécue différemment d’une à l’autre.  On  constate que pour les femmes excisées, la satisfaction sexuelle est difficile car elles associent généralement le rapport sexuel à l’excision et à d’autres violences.  Les rapports sexuels leur rappellent l’excision et elles ont souvent des douleurs suite à leur mutilation.  Sur le plan psychologique, elles n’ont pas envie de relations intimes, ont un manque de désir et ne ressentent rien au lit …  Elles sont stigmatisées et mal vues par leur mari, et tout cela renforce leur frustration. 

La sexualité hors mariage est taboue et on a relevé qu’il y’avait peu d’endroits où communiquer de la sexualité, se retrouver pour en discuter.

Certaines femmes pensaient que le clitoris était ce qu’on avait coupé et ignoraient que celui-ci avait une partie interne.  Il y’a des moyens d’avoir du plaisir mais il faut connaître le moyen d’y parvenir et elles explorent leur corps pour obtenir un autre type de plaisir.  Elles doivent apprendre à leur partenaire comment leur faire ressentir du plaisir.

Il est important de créer des campagnes au sujet de la déconstruction des préjugés et de l’anatomie des femmes excisées qui ne ressentent pas de plaisir.

Sur les 67 femmes interrogées, il y’avait 2 femmes lesbiennes.  On a retracé leur vécu et on a pu voir qu’il y’avait un manque de visibilité de celles-ci qui redoutaient l’homophobie dans leur communauté d’origine.

Madame Nguena demande aux hommes ce que signifie pour eux la violence.  Les mots « frapper » et « agressivité » reviennent souvent. 

Les violences ont été abordées avec les 67 femmes qui ont fait partie de l’étude et la grande majorité d’entre elles a exprimé avoir vécu plusieurs types de violences successives.  Le fait d’avoir subi l’excision jeune et des violences conjugales et sexuelles a engendré une succession d’actes de violence.  Une des témoins a expliqué n’avoir jamais pris de plaisir lors de l’acte sexuel et a pensé que c’était à cause de l’excision qu’elle ressentait ces douleurs.  Son mari la frappait tous les jours car lorsqu’il était sur elle, elle commençait à pleurer.  La plupart de ces femmes subissent des violences physiques, psychologiques, conjugales, sexuelles, …

Face à ces constats, le mouvement a  proposé de s’assurer que les violences basées sur le genre soient inclues dans la formation obligatoire des futurs professionnels pour mieux accompagner les victimes.  Il s’agit également d’un des axes de plaidoyer sur lequel le mouvement travaille actuellement.

Les femmes ont soulevé différentes problématiques suite à l’excision comme les règles, l’absence de plaisir, les difficultés à l’accouchement, les infections, …  Il y’a aussi cette sensation de brûlure et d’inconfort lors des rapports sexuels.

Témoignage d’Aïcha, 25 ans, réfugiée

Ma grand-mère était la cheffe de l’excision au village.  J’avais tout le temps mal au ventre et ma mère d’adoption disait que j’avais mal parce que je n’étais pas « propre ».  Elle voulait que je reçoive une deuxième fois l’excision alors, je me suis enfuie…  Chez nous, les gens disent que quand on est pas excisée, on tombe malade. 

Il n’est pas rare que certaines femmes reçoivent plusieurs fois une excision car les exciseuses estiment qu’elles n’ont pas été bien « coupées » lors de la première excision. 

Témoignage de Nour, femme égyptienne de 30 ans, demandeuse d’asile

J’avais dit à papa que mon oncle faisait beaucoup de choses pas bien avec moi et mon papa m’a dit que je ne pouvais pas parler comme ça.  Il disait que ce n’était pas possible, que c’était faux.  Alors, mon oncle a dit que si j’en parlais encore, il reviendrait me voir avec l’exciseuse. 

La première violence connue par ces femmes était l’excision.  On les menace aussi d’être réexcisées. 

On notera que les mariages forcés sont fréquents dans de nombreuses communautés et le GAM’S reçoit beaucoup de signalements de professionnels sur des cas de mariages forcés qui sont un problème dans la plupart des communautés de diasporas.  Les assistantes sociales du GAM’S reçoivent en permanence des signalements de ce genre pourtant, le mariage forcé est très peu reconnu.  C’est un déshonneur pour les parents alors, les enfants se taisent.  Tout cela a poussé ces femmes à fuir leur famille et leur pays et à demander l’asile en Belgique mais leur demande a été rejetée.  Pourtant, elles risquent leur vie chaque jour. 

Les violences sexuelles ont été évoquées à demi-mot mais la libération de leur parole est révélatrice de ce qu’elles subissent.  Cela fait partie de la sphère privée et familiale et il est parfois compliqué d’obtenir des informations à ce sujet. 

On détecte aussi des cas de prostitution forcée et de traite des êtres humains mais aussi de violences sexuelles sur le parcours migratoires de ces femmes, que ce soit au Maroc, en Libye, …

Témoignage anonyme

Personne de la famille n’intervient et si on se plaint, on nous dit d’attendre et que cela ira mieux un jour …  On risque la mort et il vaut mieux se taire et cacher les choses.  J’ai été victime de violences conjugales pendant 2 ans et je me suis sauvée.  Je n’ai eu le soutien de personne dans ma famille car chez nous, en Guinée, les gens montreront du doigt les personnes qui m’auront aidée.  Donc, s’il y’a des violences chez vous, fuyez et éloignez-vous de votre famille !

Cette femme dit que personne n’intervient car les autres ne sont pas au courant et ne veulent pas qu’on sache qu’ils ont aidé une femme à sortir de la violence.  Les violences sont partout dans le monde et pas uniquement dans certains pays.

Le réseau a pu s’entretenir avec 9 professionnels de différents secteurs et a constaté que l’expérience était positive au niveau des services de santé même si peu de femmes savent qu’il existe des sexologues et des assistantes sociales formées à leur problématique.  Ces femmes ne mentionnaient jamais les assistantes sociales car elles ne les considéraient pas comme des personnes-ressources au niveau du dialogue.  Le réseau a constaté que les services de santé mentale étaient fréquentés mais pas régulièrement.

Témoignage d’une femme djiboutienne

J’ai fait un frottis pour le HPV et cela s’est super bien passé.  Le seul gynéco avec lequel je me sens à l’aise, c’est celui de l’association « C’est ma vie ».

Témoignage d’une femme guinéenne

Nous, les demandeuses d’asile, on est stressées et on n’a nulle part où aller.  On n’a des consulations avec les psychologues qu’une fois par mois, c’est trop peu. 

Les centres de planning familial, Fédasil, la Croix-Rouge, entre autres, peuvent aider ces femmes pour les questions relatives à la santé sexuelle et reproductive.

Après ces constats, le réseau a donné des informations complémentaires sur l’existence et les aides accessibles dans certains services.  Il a également proposé de mettre en place des outils et des lieux d’échanges, refait le listing des aides disponibles, … 

Ces services de santé accueillent ces femmes victimes de mutilations mais il est difficile pour elles d’aborder ces problèmes intimes avec les professionnels.  Pour le GAM’S, il faut former ces professionnels, médecins généralistes, … afin de leur permettre d’aborder les thèmes de la santé intime avec ces publics pour qui il s’agit de question taboues.  Ces médecins conseillent sur la contraception, le dépistage, …  C’est important car ces médecins généralistes sont la porte d’entrée vers une solution et ils peuvent aider à différents niveaux.  Il faut utiliser la relation privilégiée qu’ils créent avec ce type de public.

Témoignage d’une femme égyptienne de 35 ans, en Belgique depuis 10 ans

Pendant  ma grossesse, mon gynécologue m’a dit, par l’intermédiaire de mon mari qui traduisait pour moi, que je devais être désinfibulée.  Je ne savais pas que je devais passer par là.  J’ai ensuite été transférée à Botanique mais le suivi n’avait pas été transmis alors, ils ont attendu jusqu’au dernier moment pour me désinfibuler. J’ai perdu mon enfant à cause de cette mauvaise prise en charge.  C’était en 2009.

Témoignage d’une femme guinéenne de 20 ans, en Belgique depuis 5 ans

Quand le gynécologue a commencé à me désinfibuler, il y’avait beaucoup de choses dans ma tête, et il a juste dit qu’il fallait le faire.  Le temps passe.  Ce jour-là, on m’a conseillé d’aller voir un sexologue car c’était vraiment des traumatismes dans la tête.

Autre témoignage de Mariama, femme guinéenne de 30 ans

C’est vrai que j’étais souvent inquiète parce que je savais déjà que j’avais été excisée et qu’il y’avait des conséquences.  Si j’allais voir un gynécologue, il allait me dire : « vous avez ci …, vous avez ça … » et je serai dans une spirale d’être malade.

Constats dégagés pendant 2 ans

Finalement, on a constaté que les certificats médicaux MGF étaient une possibilité d’accéder à des services de santé médicaux sexuels et reproductifs et que les femmes y avaient accès.  On a mis en évidence l’importance de renforcer l’accès aux informations et aux services pour inciter les publics à s’en saisir.  On a pris en compte les vécus globaux des femmes et on a mieux compris les liens existants entre MGF et santé sexuelle et reproductive.

Il faut renforcer l’accès aux services de santé et la formation des professionnels pour mieux accompagner ces femmes excisées.  L’objectif n’était pas juste de faire un diagnostic mais de traiter les recommandations et de savoir quoi en faire.  Les recommandations seront traduites en langage politique et déposées sur la table pour faire avancer la Loi.