2014 – Les élections des mini-miss: à combattre, à structurer ou à légiférer ?

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Avec les acteurs de terrain :

Madame Françoise GOFFINET,

de l’Institut pour l’Egalité entre les Femmes et les Hommes.

Monsieur Bernard DE VOS,

Délégué général aux Droits de l’Enfant de la Fédération Wallonie – Bruxelles.

 

Après le discours de bienvenue de la Présidente et la présentation des deux intervenants de la conférence/débat, Madame Goffinet prend la parole et présente les différentes missions de l’Institut pour l’égalité entre les femmes et les hommes et celles du Centre pour l’Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme. Ces deux organismes collaborent au jour le jour car certaines formes de discriminations sont croisées. Les stéréotypes sont évidemment à la base des discriminations. L’égalité des Femmes et des Hommes a été inscrite dans la Constitution belge le 8 mars 2002. En termes de législation sur l’égalité, l’année 2002 a connu de nombreux changements.

En 1974, la Commission du Travail des Femmes fut créée. En 2013, ce Conseil qui relie de nombreuses associations du monde associatif féminin dont le CFFB, s’est aperçu qu’il fallait aborder la problématique des concours de mini-miss.   Une commission fut créée pour aider l’Inspection du travail concernant le travail des enfants. Certaines dérogations doivent être demandées par les parents si leur enfant est âgé de moins de 16 ans.   La dimension de genre est très importante dans ce type de concours, ce qui nécessite de créer une Commission à ce sujet car la proportion garçon / fille est de 1 sur 10 ! A Wavre, un concours mini-mister a été créé mais il est totalement insignifiant. Beaucoup de questions restent en suspens concernant les petites filles qui sont enfermées dans des stéréotypes féminins dès leur plus jeune âge mais en Belgique, on est encore loin des concours qui existent aux Etats-Unis …

Là-bas, les enfants qui participent à ces concours sont totalement sous l’emprise de leur mère qui leur impose ses désirs propres tant au niveau des vêtements à porter, du maquillage, que du comportement à adopter et bien d’autres aspects qui, insidieusement, neutralisent en grande partie le comportement et la spontanéité naturelle de ces enfants. La législation en matière de travail des enfants est parfois contournée car on s’aperçoit que ceux-ci ne perçoivent pas de rémunération sous forme monétaire. De ce fait, on inculque aux enfants des choses qui vont à l’encontre des valeurs de santé et de bien-être défendues par l’Institut. Cependant, il faut savoir qu’interdire ne sert à rien car les dégâts risquent d’être encore pires et il n’y aura plus moyen de lutter contre cette forme vicieuse d’imposition de stéréotypes sexistes et inégaux. La publicité quotidienne est en grande partie responsable de multiples stéréotypes d’hypersexualisation et d’inégalités entre les femmes et les hommes.

Après l’exposé de Madame Goffinet, Monsieur De Vos prend la parole et en profite pour féliciter les deux hommes présents dans la salle alors que ce sujet intéresse davantage les femmes. L’Institution pour laquelle il travaille et rend des avis sur les thèmes liés de près ou de loin à l’enfance. Il s’agit donc d’obtenir un avis éclairé qui se base prioritairement sur le bien-être des enfants. Les enfants, surtout les petites filles, aiment se déguiser, se grimer et imiter leur mère et les parents trouvent cela très amusant mais de là à ce que ces derniers les mettent en avant dans des concours de mini miss, leur apprennent à défiler avec des sourires sexy et souvent en étant très dévêtues, il y a un pas. En effet, ce sont souvent les parents qui poussent les enfants à se surpasser dans ce type de concours. L’amour entre les parents et les enfants est conditionné par la réussite et le premier prix dans ces concours de mini-miss avec, malheureusement, aussi des conséquences graves telles que : anorexie, boulimie, dépression, changement de personnalité de l’enfant, … Le renforcement incroyable des stéréotypes de genres est très important et cela n’est pas acceptable. L’égalité entre les sexes est totalement négligée. La question de la provocation par rapport à des adultes à personnalité faible (par exemple, des gens ayant tendances à la pornographie et / ou à la pédophilie), pose un grave problème. En 2009, Monsieur De Vos a rendu un avis au sujet de ce type de concours. Dans le cadre de ses missions, il se demande si les codes du porno peuvent être intégrés dans la vie de tous les jours. Le fait que la pornographie soit accessible très facilement pour les enfants via les moteurs de recherche internet est aussi très négatif car l’image de la femme est totalement faussée et cela entraîne des comportements déviants de la part de nombreux jeunes qui n’ont plus de respect pour la femme. Un code de valeurs devient alors impossible à donner car les parents n’ont plus aucune légitimité en ce qui concerne la sexualité. Les concours de mini-miss se développent facilement car notre société montre en permanence qu’il faut sortir du lot, comme on le constate dans le cadre de la téléréalité avec des émissions abrutissantes et complètement creuses, sans aucun intérêt.   La société a évolué très rapidement ces 15 dernières années… Il y a 15 ans, l’image de la femme était très différente de maintenant. L’école n’a pas bougé depuis 50 ans contrairement aux familles qui ont connu une évolution fulgurante : famille recomposées, pluri-parentales, mono-parentales, homo-parentales, nouvelles techniques de procréation assistée, … Quand on a une formation intellectuelle, il est possible de raisonner et d’éviter de tomber dans les pièges mais beaucoup de personnes n’y arrivent pas.

On constate de plus en plus qu’un climat de marchandisation de l’enfance et de la jeunesse a pris le dessus. De nouveaux produits sont arrivés sur le marché et se destinent exclusivement aux enfants (soutien-gorge wonderbra pour petites filles, vernis à ongles très colorés, revues destinées uniquement aux ados, …). Le marché nous gouverne via les enfants et la sexualité. Les lois devraient interdire de nombreuses dérives et les faire cesser mais le marché trouverait vite de nombreux autres moyens de contourner la loi car il y a évidemment de lourdes mannes financières en jeu. La Suède a pris d’autres dispositions : une loi a été approuvée et c’est ainsi que l’on ne trouve plus d’enfants dans la publicité.

Monsieur De Vos pense qu’il ne faut surtout pas interdire les concours de mini-miss car il y aura toujours des solutions pour les contourner mais il faut réellement contrôler la réglementation du travail des enfants afin de ne pas laisser faire n’importe quoi aux organisateurs de ce type de concours. Il est certain que ces concours sont susceptibles d’être défavorables au bon développement des enfants et c’est pourquoi les organisations seront tenues de demander des dérogations. Il faut absolument éviter la clandestinité.

Concernant l’hypersexualisation, il faut réglementer sans interdire et établir des règles, suivies d’amendes et de sanctions si nécessaire. Il faut soutenir l’autorégulation des producteurs de produits à messages. Les enfants doivent grandir à leur rythme et ils doivent avoir du temps pour cela. Une pression plus importante sur les gros groupes commerciaux doit aussi être maintenue. La sensibilisation et la prévention doivent être également plus importants car trop peu d’adultes sont vraiment sensibilisés et conscients de ces déviances. La prévention commence dans les écoles par la sensibilisation des professeurs. Il y a maintenant une obligation d’organiser des séances d’éducation à la vie affective et sexuelle mais les budgets ne suivent pas … Il y a de nombreuses pistes à travailler. La presse aussi doit être encouragée pour sortir des titres plus matures et éviter les clichés tellement néfastes au bon développement des enfants.

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