2017 – L’alcoolisme au féminin

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La Présidente a expliqué le déroulement de la soirée et présenté le neurologue Léon Burton qui a été sollicité pour animer la rencontre/débat.

Ensuite, nous avons visionné un reportage vraiment captivant sur l’histoire de Laurence Cottet, cadre supérieure, malade alcoolique depuis des années.  L’alcool a ruiné sa vie.  Elle a commencé à boire à l’âge de 14 ans lors de fêtes de familles et autres concours hippiques.   Durant ses années de travail, elle buvait également beaucoup (alcoolisme mondain).   C’est lors du décès prématuré de son mari qu’elle a sombré totalement dans l’alcoolisme et à force de boire sans cesse, elle a perdu son travail, ses amis, sa famille et presque la vie car elle était au bord du suicide …  Après avoir eu un déclic salvateur au moment de sa tentative de suicide, elle a enfin pris conscience de la valeur de la vie et a tout fait pour se reprendre en main.  Son corps et son cerveau n’ont miraculeusement pas subi de dommages.  Depuis lors, elle n’a plus jamais bu la moindre goutte d’alcool.  Comme elle n’avait plus de travail et qu’elle souhaitait aider les alcooliques, elle a tenu à témoigner de son histoire et pour ce faire, a créé des groupes de paroles au sein de son association H3D (H3D signifie : Honte – Honnêteté – Humilité – Désir).  Ceux-ci fonctionnent bien et les témoignages des gens qu’elle a aidés prouvent qu’elle leur a, en quelque sorte, sauvé la vie.  Ce témoignage bouleversant a beaucoup plu au public qui a compris les rouages et la perversion de l’alcool.  Le malade alcoolique est constamment enfermé dans un cercle vicieux duquel il aura les plus grandes difficultés à sortir s’il n’est pas aidé et s’il n’en a pas la volonté.  Il s’agit d’une maladie insidieuse et on ne se rend compte des dégâts que très tard.  A ce moment-là, il est très difficile d’agir sans avoir une aide médicale et psychologique car le corps réclame toujours plus d’alcool et le malade n’a plus la force de résister et se laisse emporter dans ce tourbillon.

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Le Docteur Burton a trouvé le reportage présenté particulièrement bien réalisé et il a constaté qu’il avait, pour sa part, énormément de points communs avec Laurence Cottet.  Cela fait 21 ans qu’il est totalement abstinent et qu’il vie nt en aide aux malades alcooliques.  Son travail de neurologue lui fait rencontrer des alcooliques et il constate au quotidien combien il est difficile de se sevrer de l’alcool.

 

L’alcoolisme se retrouve dans toutes les tranches de la société et touche 10 % de la population.  Chaque personne est différente et sera touchée au cas par cas selon ses antécédents et sa résistance.  L’alcool et le tabac sont des toxiques puissants et on les trouve pourtant en vente libre contrairement à la drogue alors que l’addiction est similaire.    Le cannabis est nettement moins dangereux que l’alcool s’il est consommé de façon très occasionnelle et qu’il n’a pas été trafiqué avec d’autres substances addictives.

 

Deux personnes soumises, par exemple, à la perte d’un proche auront le même chagrin mais la seule qui boira, c’est l’alcoolique.  Le cerveau du malade alcoolique est détraqué.  Le neurologue Fouquet disait : « Est alcoolique la personne qui a perdu la liberté de boire de l’alcool ».  Une fois qu’on ne peut plus délibérément s’en passer, on est considéré malade alcoolique.  C’est le 1er verre qui enclenche la rafale de l’exponentielle croissance.  Au départ, on boit un 1er verre à la communion solennelle ou lors d’une occasion quelconque et on se rend compte qu’il y a un effet euphorisant, qu’on est dans l’ambiance et plus gai.  On a tendance à renouveler l’expérience et de fil en aiguille, chez le malade alcoolique, la fréquence des occasions s’accentue et le malade finit par les provoquer de plus en plus souvent.

Toutes sortes de choses font que les occasions s’accentuent et l’effet « positif » de l’alcool va disparaître.  L’effet anxiolytique et l’effet flash auront une durée très courte dans le temps au fil de la consommation mais le corps réclamera de l’alcool.

Pour finir, la situation de consommation d’alcool n’aura plus aucun effet mais permettra au malade de tenir la tête hors de l’eau et de ne pas sombrer.

Puis il surviendra tôt ou tard un électrochoc (qu’on peut qualifier de secousse sismique) qui fera prendre conscience au malade qu’il est temps de réagir.

 

L’alcoolisme au féminin n’est pas tellement spécifique car une femme alcoolique et un homme alcoolique sont pareils.  C’est surtout le regard des autres qui diffère.  Une femme sera considérée comme une traînée alors qu’un homme sera considéré comme un bon vivant.  La consommation de la femme sera plus discrète et plus cachée tandis que l’homme consommera au café.  Par contre, la souffrance et les dégâts sont les mêmes.

 

Il est important d’informer sur le problème de l’alcool car par un témoignage, on peut faire prendre conscience aux malades du problème et les aider à un bon rétablissement (via les groupes de parole des Alcooliques Anonymes – Interface – …).

 

Le Docteur Burton est Président d’Interface et intervient régulièrement dans des groupes de parole pour aider au traitement des maladies alcooliques, y témoigner de son vécu ou retrouver des amis pour des activités communes.

 

Après la rencontre, une séance de questions / réponses animée a eu lieu et a permis au Docteur Burton de donner des explications complémentaires aux participants qui avaient encore quelques questions à poser.