2017 – Le costume féminin au fil des âges

Dans le cadre de la Journée internationale des Droits des femmes, Madame DEBAUVE nous a retracé l’histoire du vêtement par périodes et par régions en partant de la préhistoire et en aboutissant à l’an 2000. Etant donné l’étendue des informations, elle s’est limitée aux vêtements des régions d’Europe occidentale.

 

I- La préhistoire

 

Pour la préhistoire, il a fallu se contenter de vestiges et d’objets trouvés par les archéologues qui les ont exploités afin d’avoir des renseignements sur les civilisations.
Les vestiges retrouvés étaient enterrés avec leurs propriétaires dans des zones tourbeuses qui permettaient, en partie, la conservation des chairs des personnes décédées emballées dans leurs vêtements.
– Nous commencerons par l’époque paléolithique, environ 2000 an avant notre ère, époque où l’homme est encore nomade. Il assure sa subsistance par la chasse et la cueillette et quand les ressources sont épuisées, il est obligé de changer d’endroit.
L’habillement de ces populations consiste à se couvrir de peaux d’animaux et ils se servent aussi de feuilles d’arbres. Ces peaux sentent très mauvais et pourrissent très vite, d’où l’apprentissage du tannage des peaux et de l’assemblage à l’aide de petites aiguilles fines en os.
– A la fin de la préhistoire vient la période néolithique.
Il s’agit d’une population nomade qui commence à se sédentariser. Les hommes connaissent alors l’agriculture et l’élevage car ils élèvent des moutons et d’autres poilus dont ils récupèrent la laine qu’ils filent et tissent. On a retrouvé des vestiges de métiers à tisser qui datent d’environ 3000 ans avant notre ère. Outre le tissage, ils ont trouvé le moyen, avec les fibres animales, de fabriquer du feutre.

 

II- L’antiquité

 

L’Egypte
Une époque importante parce qu’on dispose de témoignages écrits.
Les civilisations comme l’Egypte, l’Asie Mineure, Rome, connaissaient l’écriture et elles nous ont laissé davantage de témoignages. Notamment les Egyptiens qui ont beaucoup d’éléments écrits sur papyrus et sur leurs monuments avec les hiéroglyphes qui nous donnent un tas d’informations sur la manière de
s’habiller ou de se maquiller car les hommes et les femmes se maquillent. Ils ont des traités de cosmétiques et créent des parfums.
On a trouvé une scène de fête sur une fresque dans la tombe d’un grand prête qui date d’à peu près 400 ans avant notre ère et on a remarqué que les dames sont vêtues de vêtements près du corps, de robes fourreaux, elles ont des bijoux, une perruque avec des bandeaux, ce qui implique un habillement raffiné et assez léger (lin).
On remarque aussi que pendant près de 3000 ans qu’a duré l’Egypte antique, le vêtement n’a pas beaucoup évolué. Les personnages sont habillés suivant leur rang social et les gens socialement dits d’une classe inférieure sont représentés plus petits que leurs maîtres.
Dans le tombeau de Toutankhamon, découvert en 1922, on a retrouvé des trésors : un trône en bois recouvert d’une plaque en or et des pierres semi-précieuses, le Pharaon est assis avec sa femme en face de lui.
La femme porte un pantalon, une sorte de legging ainsi qu’un vêtement tissé près du corps, très élégant avec des manches et la robe est plutôt transparente et munie de plis.
Les Egyptiennes portent aussi des robes décolletées et sans manches et les tissus sont si légers qu’on devine au travers le ventre et le nombril. Les tissus sont plissés avec une sorte de gomme qui conserve le plissage.
Les Egyptiens croient en une vie dans l’au-delà et les personnages fortunés préparent cette nouvelle vie en se faisant construire un tombeau contenant des objets de la vie courante ainsi que des statuettes représentant les personnes dont ils veulent être entourés dans leur nouvelle vie pour qu’elle soit agréable, voire même meilleure que la première (statuettes représentant le boulanger, une porteuse d’offrandes, des tisseuses et des fileuses,…).

Ou même ce qu’on appelle des maquettes, des femmes ouvrières ou des artisanes qui sont dans leur atelier, des personnages pour les servir et ainsi ne manquer de rien dans leur vie ultérieure : par exemple, une maquette de 30 cm représentant tout un atelier en train de filer avec un rouet et de tisser avec un métier à tisser. C’est de cette façon qu’on a pu retracer leur vie quotidienne et la façon dont ils s’habillent.
En général, les femmes égyptiennes ont des vêtements assez simples, une sorte de longue tunique sans manche, généralement très décolletée et portant par-dessus une sorte de longue écharpe, un long châle dont elles s’entourent le corps de façon différente selon les besoins. Ces maquettes font penser à des jouets d’enfants, mais elles donnent aussi beaucoup de renseignements aux archéologues sur la manière de vivre en Egypte. Mais le sujet du jour est le vêtement …
Sur une fresque qui se trouve dans la chapelle funéraire de Ramsès II, on voit « Néfertari », son épouse. Elle est habillée d’une robe très légère, soulignée par une ceinture sous la poitrine, des manches papillons plissées. Elle est emmenée par la déesse Hathor qui est aussi habillée avec une longue robe fourreau et des bretelles qui cachent la poitrine.
La Rome antique
L’habillement des Romains de la Rome antique ont un peu copié sur les Grecs.
Voici la représentation d’un vêtement féminin de la Rome antique :
Il est composé de deux pièces principales : la « stolla », une sorte de tunique ; robe qui marque souvent la poitrine par une ceinture en dessous, la deuxième pièce, la « Pala » est une sorte d’étole qui peut être plus ou moins longue et qu’on peut placer différemment selon les heures de la journée ou qu’on peut porter sur les épaules comme une pèlerine et on peut aussi la rouler autour de la taille.
Les Gaulois, les Celtes
Les femmes du peuple portent des vêtements assez simples. D’abord une robe qui peut être à manches courtes ou à manches longues et par-dessus, une deuxième robe ou une tunique plus courte.
III- Le Moyen-âge

 

On voit que les silhouettes des dames changent suivant les époques, il y a des périodes où les vêtements sont près du corps et pour d’autres, il y a des artifices pour donner une allure plus large à la
silhouette et parfois, cela devient plus gracile.
Au Moyen Age, voici différents aspects des robes pour les dames de la bonne société comme on dit, les nobles, les princesses, les duchesses, éventuellement les reines.  Elles portent des robes cousues dans de très beaux tissus, généralement assez lourds et aussi avec des tissus superposés et par-dessus ces robes, elles ajoutent des tuniques ou des manteaux qui sont ornés de broderies et de galons. L’apport des croisades va aussi modifier le costume non seulement des dames mais aussi celui des hommes par des décorations très abondantes. Nous ne pouvons passer cette époque sans vous parler d’un couvre-chef très particulier : le « Hénin ». C’est une coiffe en forme de cône généralement en carton recouvert de tissu et autour duquel vient s’enrouler un voile très léger et plus la dame est de haute lignée, plus le voile est long. On trouve ce chapeau surtout à la fin du Moyen Age.
Nous ferons ici un petit aparté pour vous parler d’une féministe d’origine italienne du début du 15e siècle, une dame très lettrée qui a beaucoup écrit (poésies, biographies, maximes, conseils pour les messieurs : « Comment se comporter avec les dames », enluminures,…). Cette dame monte à cheval en amazone.  Il a donc fallu fabriquer des selles de cheval spéciales pour ne pas que les femmes et les jeunes filles perdent leur virginité en montant comme les hommes.
Les femmes portent aussi des manteaux sans manches très échancrés avec une robe en dessous et elles sont coiffées d’une coiffe en dentelle avec des protubérances. Les robes sont très resserrées à la taille et la mode veut que les femmes aient un ventre proéminent, ce qui est  un signe de beauté et montre leur volonté d’enfanter.
Les femmes du peuple sont mal considérées par l’Eglise.  Elles sont les héritières d’Eve, celle qui a péché et qui est damnée. Leur habillement est très simple et ne change pas beaucoup.
Au Moyen Age, ces femmes sont plus libres de faire ce que bon leur semble et lorsque leur père est artisan, elles apprennent le métier pour pouvoir lui succéder et devenir patronnes lors de son décès. Elles gagnent leur indépendance.

 

IV- La Renaissance


On a découvre d’autres continents, notamment l’Amérique.
L’habit féminin a mis le corps des femmes en valeur avec des femmes nues représentées par BOTTICELLI, entre autres. Celui-ci idéalise la femme et notamment son visage. Les femmes portent des écharpes en tissu broché et brodé. Cette mode ne contraint pas le corps.
A Venise, une porte ouverte sur l’Orient, les portraits représentent des personnes avec des habits riches et sophistiqués, ils sont brochés avec des dentelles amovibles pour le nettoyage. Les dames sont coiffées de chignons ornés de colliers et de perles.
Il faut faire la différence avec les femmes du peuple qui peuvent être habillées très simplement avec un fichu sur la tête. A cette époque, la blancheur de la peau est un gage de beauté et aussi une obsession pour les femmes. On a retrouvé des recettes pour obtenir une peau blanche et une teinte de cheveux blonds vénitiens.  Les Vénitiennes s’exposent volontairement au soleil pour les décolorer et l’urine le permet.

Elisabeth 1ère d’Angleterre est représentée dans des habits très lourds et riches.  Elle est très engoncée dans ses vêtements et porte un corset très serré ainsi qu’une grande fraise autour du cou afin de mettre son visage et sa blancheur en valeur. Les dames portent des jupes très évasées et des manches amovibles dans un tissu de lin et de soie avec des broderies d’or et d’argent.
Au XVIIème siècle, on constate que les fraises autour du cou se portent toujours.  La confection de la fraise ainsi que les coiffes de dentelles sont confiées à des artisans particuliers.

Marie-Thérèse d’Autriche, est représentée avec un gros bourrelet autour de la taille pour faire retomber la jupe de part et d’autre.   A 14 ans, elle est fortement enserrée pour obtenir une taille très menue. Par contre, les habits des servantes, paysannes et artisanes varient peu et sont très simples.  On y retrouve le même genre de formes et de modèles que la confection destinée aux dames de la haute société.
A l’époque du Roi Louis XIV, les dames montent à cheval en amazone.  Des bandes de cuir et une planchette en bois leur permettent de poser les pieds pour être maintenues correctement.
Les gens plus aisés sont vêtus de manière élégante et les petites filles commencent  à se regarder dans le miroir.
Les familles sont habillées de manière simple et l’accent est mis principalement sur le rôle des femmes pour l’éducation des enfants.  Les petites filles apprennent très jeunes leur métier de mère en s’occupant de leurs frères et les garçons étaient habillés comme des filles jusqu’à l’âge de 7 ans.
Les corsets des dames étaient fabriqués en fanons de baleines et permettaient de soutenir correctement le buste. La robe venait se poser par-dessus le corset.
Les robes étaient confectionnées en soie et en fils d’argent.  Les coiffures étaient très hautes et agrémentées d’objets : nid avec oiseaux, bateaux, …  L’aspect pratique était évidemment mis de côté.

Madame de Pompadour, favorite de Louis XV, est surtout connue pour sa beauté et son élégance. Elle porte des robes à l’anglaise en soie brodée qui cachent la poitrine alors que les robes à la française ne cachent pas vraiment la poitrine.  Le jupon est visible sous une jupe ouverte.  On utilise le bois, le métal et les rubans pour maintenir ces robes.

Marie-Antoinette porte des robes et des chapeaux exubérants.  Elle aime pourtant porter des robes simples pour aller dans sa ferme à la campagne et y vivre plus simplement.
Les clubs de femmes ont vu le jour et elles se réunissent 2 fois par semaine.  La Présidente de cette assemblée lit les décrets promulgués par les Parlementaires. Elles en discutent pour savoir s’il faut leur envoyer des félicitations ou des plaintes.  Elles recueillent des dons pour aider les pauvres.  Leurs robes sont simples et chics.

 

V- L’après Révolution


La mode ressemble à la mode antique et on y voit des robes avec des tissus très fluides près du corps. Les coiffures se sont simplifiées avec des cheveux courts retenus par un petit bandeau.  En 1810, on voyait des robes droites, légères avec une poitrine haute et menue.  (Madame Récamier) L’Impératrice Joséphine de Beauharnais porte des robes très fluides près du corps sans trop d’artifices.  En Angleterre, on suivait la mode parisienne de loin. A l’époque de Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie, des tableaux de l’époque représentent des femmes avec des jupes évasées et des crinolines. Sur certains portraits, on remarque l’utilisation d’un tissu orné de bouquets de fleurs, une taille très resserrée et la présence d’une crinoline.  Celles-ci permettent d’élargir excessivement les jupes.  Les crinolines sont assez dangereuses car elles risquent de prendre feu vu lorsque les femmes passent devant un feu.  Pour un effet de mode, certaines crinolines épaississent les fesses.
George Sand porte des habits masculins alors qu’un Edit de 1802 l’interdit. Pour certaines professions, des dérogations pour des questions de facilité sont obtenues.
Le port du pantalon pose toujours des problèmes actuellement, même dans les compagnies aériennes, le pantalon était interdit  jusqu’il y a peu.  Certaines écoles belges interdisent toujours le port du pantalon pour les filles.
A partir du milieu du 19ème siècle, la révolution industrielle a vu naître des métiers très dangereux pour les femmes (ex : des femmes qui descendaient à la mine : hercheuses…), d’autres portaient des jupes culottes pour plus de facilité (bicyclette).

 

VI- Durant la guerre


Pendant la guerre, les femmes ont pris la place des hommes dans les entreprises et elles portent des habits masculins pour plus de facilité.  La guerre était là et certaines dames continuent de s’habiller de façon luxueuse alors que la plupart des femmes sont habillées très modestement.
Coco Chanel a commencé en 1916 à utiliser un tissu jersey avec beaucoup d’élégance dans des lignes très fluides.  Paul Poiret, grand couturier français, a banni le corset.  Ses robes étaient très simples et avec une ligne classique.  Les robes du soir étaient quant à elles plus sophistiquées.
Avec cette mode est apparue la combinaison qui se portait sous les vêtements.  Les femmes sont devenues de plus en plus élégantes dans leurs dessous.  Il s’agissait d’un progrès et d’une libération.
En 1926, Coco Chanel crée sa célèbre petite robe noire qui passe partout et peut s’accessoiriser de broches et de bracelets ou d’un chapeau cloche.  Cette petite robe noire a été déclinée en plusieurs modèles (avec veste, manches ou sans manches, …).  En 1928, elle a ajouté un pantalon au tailleur.  La marinière lignée a été créée à cette époque.  Certaines femmes qui s’habillent à l’ancienne ont pu retrouver des vêtements plus élégants et plus modernes.
Pendant la guerre, on demande aux femmes de faire des efforts, de prendre des tissus plus courts pour faire des économies et de dessiner la couture des bas sur leurs jambes pour épargner. Les chaussures sont en bois ou en liège avec des semelles compensées.  Les robes sont découpées dans les rideaux par souci d’économie.  Dans les journaux, on peut lire des conseils pour les confectionner.

 

VII- L’après guerre


En 1947, Christian Dior a créé une nouvelle ligne de vêtements appelée le New-Look. On y retrouve encore la gaine, des jupes serrées et des jupons.  Les femmes sont à nouveau engoncées dans leurs habits.  En revanche, Coco Chanel a créé son fameux tailleur Chanel en tweed, à porter avec un chemisier et un collier.  Ce tailleur a connu une gloire dramatique avec l’assassinat de JFK lorsque celui de Jackie Kennedy a été complètement imbibé du sang de son mari.
Karl Lagerfeld a repris la Maison Chanel.  Le tailleur Chanel est resté au catalogue mais il a modifié le bas du tailleur.
Yves-Saint-Laurent invente les tailleurs pantalons et les présente au public lors de ses défilés. Il crée  aussi les sahariennes.  Les longueurs de jupes autorisées font l’objet de dessins satiriques.
Puis vient la mini-jupe portée par le mannequin Twiggy. Courrèges en est le promoteur.
La mini-jupe n’est pas contestée en Europe, en Amérique ou au Congo.  Par contre, elle est juste tolérée en Russie mais en Arabie et dans les Emirats-Arabes, elle est totalement interdite.  Les sanctions sont très dures et vont jusqu’à la mise à mort.  La longueur de la jupe des femmes a toujours entraîné les critiques masculines.

Par un résumé succinct, j’ai essayé de retracer l’histoire du costume féminin contée par Madame DEBAUVE, mais sa présentation a été si riche qu’il a fallu la réduire au maximum.
Je remercie bien sincèrement Madame DEBAUVE pour le travail d’une spécialiste hors pair dont elle nous a fait profiter.
Jeannine GERLACH, présidente du CFHV.