2016 – Lutte contre le sexisme

Présentée par:

Pascale Vielvoye, juriste

 

La Présidente a remercié les participants pour leur présence et présenté l’intervenante.

Après son discours d’introduction, elle a donné la parole à Madame Vielvoye.

 

La loi anti-discrimination doit s’appliquer au niveau des noms de professions qui s’écrivent au féminin et au masculin car tous les métiers peuvent être exercés tant par des femmes que par des hommes.   La lutte féministe existe depuis très longtemps mais la lutte contre le sexisme est nettement plus récente et beaucoup plus large que la discrimination basée sur le sexe.

Le sexisme est une idéologie consciente ou inconsciente.  En effet, nous sommes tous sexistes à différents niveaux sans pour autant être discriminants et sans en être conscients.  Tout dépend de notre éducation.

Il était devenu nécessaire de prévoir une nouvelle Loi qui lutte contre le sexisme dont le principe est calqué sur la notion de racisme.  Le sexisme promeut la supériorité d’un des deux sexes et une domination, généralement des hommes, par rapport aux femmes.  Il faut souligner malgré tout le fait que, indépendamment de cela, il arrive que certaines féministes tiennent régulièrement des propos qui vont totalement à l’encontre des hommes.  Cependant, le sexisme à l’encontre des femmes est celui qui est le plus d’actualité.

Il existe deux formes de sexisme : le sexisme hostile (injures, insultes, menaces) qui est réprimé par la Loi et le sexisme bienveillant qui est plus insidieux et qui semble assez « gentil ». Ce type de sexisme est encore plus dangereux et répandu car on a du mal à le reconnaître.

En France, la théorie du genre est tout à fait actuelle (débats, manifestations, …).  C’est assez difficile de comprendre en quoi ça consiste car c’est très complexe.

La Loi de 2014 est une grande avancée.  Il existe depuis toujours un sexisme verbal à l’encontre des femmes.  Les insultes et la violences envers elles sont terribles et assimilées à des agressions et du harcèlement.  Avant, on en parlait beaucoup moins.  Il y a 40 ans d’ici, on n’apparentait pas ce type d’actes à du sexisme et les femmes ne déposaient pas de plainte car cela n’était pas aussi harcelant qu’actuellement.

La situation à notre époque actuelle a fortement changé vers un aspect très négatif.  Les propos sexistes sont très répandus, souvent agressifs et insistants.  La phase qui suit ces agissements harcelants, c’est le viol car après plusieurs refus, certains hommes, souvent alcoolisés, risquent d’aller plus loin et de s’en prendre sexuellement à leur proie.  Rien ne peut justifier un viol !

On a objectivé et hypersexualisé le corps de la femme qui s’est transformé au fil du temps en objet de désir et de convoitise.  L’homme est pourtant censé maîtriser ses pulsions et être capable de se retenir pour ne pas agir comme un animal.  Il n’a donc aucune excuse.  Il ne faut pas dire que les femmes sont provocantes car seul l’homme est responsable de son comportement agressif.  Il ne faudrait quand même pas que les femmes soient vêtues de burqas pour risquer de ne pas être agressées.  Aujourd’hui, on utilise un soi-disant motif religieux pour prendre encore des décisions concernant le corps des femmes, les dominer et les maintenir à la maison.

Le sexisme comporte un ensemble de remarques, d’injures vexantes, insultantes et répétées.  Du mépris, de l’agressivité, des violences en raison du sexe de la personne qui atteignent gravement à la dignité sont passibles d’amendes et d’emprisonnement.  La Ministre de l’Egalité des Chances, Isabelle Simonis, a fait voter cette Loi.  Ainsi, les femmes peuvent déposer plainte et le harceleur sera poursuivi.

Considérer une femme comme inférieure en raison du fait qu’elle soit une femme est un acte sexiste.  Il y a aussi une discrimination fondée sur l’apparence mais cela n’apparait pas dans la Loi.  On ne peut pas discriminer une personne suite à une maladie ou à un handicap, indépendamment de son sexe.  Il ne faut pas confondre des comportements discriminants et des stéréotypes et préjugés sexistes qui entraîneront souvent des problèmes.  Ces stéréotypes sont tellement ancrés dans la tête des hommes et même parfois des femmes qu’il est très difficile d’y remédier.  Dans certains cas, on remonte à la préhistoire pour certains comportements tant ils sont irrespectueux.

Comme pour le racisme, le législateur peut punir pénalement devant les tribunaux des comportements sexistes.  Tant que la liberté d’expression n’incite pas à la haine, on ne peut pas poursuivre les personnes.  Si on exprime sa pensée, on ne peut pas être poursuivi non plus pour autant qu’on ne vise pas un individu en particulier et qu’on n’incite pas à la haine.  Si une personne est visée personnellement, elle peut faire poursuivre son agresseur devant les tribunaux.

Pour faire reconnaître ces menaces, il faut absolument qu’elles soient publiques devant témoins avec un objet manifeste d’agressivité.  Certains cas sont plus difficiles à expliquer car la victime doit prouver que l’acte est méprisant, agressif et volontaire et que la victime a est considérée comme inférieure à l’agresseur.

Il arrive que certaines femmes aient besoin d’être sifflées dans la rue, appelées pour se sentir désirées.  La femme est devenue un objet de désir et ces comportements sont très insultants.  Le cas contraire est assez rare.  On voit rarement une femme qui siffle un homme en rue.  Il y a moyen d’avoir des relations assexuées entre êtres humains des deux sexes sans qu’il n’y ait d’équivoque ni de pulsions sexuelles.

Pour la jeune génération, le féminisme apparait comme un vieux combat d’arrière-garde mais chez certaines jeunes femmes ou petites filles, on constate des propos déplacés.  On constate alors que le féminisme a encore un grand intérêt et beaucoup de sens pour éviter les dérives.  De même en ce qui concerne les concours de mini-miss qui sont heureusement interdits en Belgique.  Ces concours étaient choquants car on y prônait une hypersexualisation des enfants.

Dans le sexisme, on constate qu’il existe trois théories :

  • La théorie évolutionniste: est très révélatrice car liée à beaucoup de religions.  Cette philosophie est un postulat avec le principe de sélection naturelle et sexuelle au fil du temps.  L’évolution a rendu les femmes et les hommes fondamentalement différents physiquement, psychiquement et psychologiquement.  L’évolution correspond à une hiérarchie.  Dans toutes les cultures, les femmes s’occupent des enfants, elles les attendent et les allaitent donc, c’est logique que les mères s’occupent des enfants.  Les femmes recherchent un homme en bonne santé, vaillant et qui pourra fournir des ressources pour la famille.  Les hommes sont ainsi repris dans une lignée matriarcale qui a révolutionné les rapports F/H.

L’homme a toujours l’incertitude de paternité et le rite du mariage permet à l’homme de dire « c’est ma femme » et « c’est mes enfants ».  Les rapports sociaux dépendent de choses qui remontent à la nuit des temps.  Les hommes sont plus agressifs et sont, entre eux, en compétition permanente, ce qui n’a pas été le cas pour les femmes.

Les femmes ont changé et adopté, elles aussi, des attitudes masculines dans leur travail, sauf pour les mères qui s’occupent des enfants où on ne note aucune compétition entre elles.  La théorie évolutionniste entraîne beaucoup de discriminations envers les femmes évidemment.

 

  • La théorie essentialiste: se rapproche de la première mais on estime que les femmes et les hommes peuvent être égaux mais qu’ils sont fondamentalement différents, d’un point de vue biologique, d’où des différences psychologiques, cognitives, physiologiques, …

 

  • La théorie du genre : les enfants découvrent les identités féminines et masculines par la manière des croyances culturelles (l’inné et l’acquis).

La forme de sexisme la plus grave une forme bienveillante liée à des notions de galanterie d’apparence aimable alors que cela ne l’est pas du tout.  Le but est de rabaisser la femme et de faire en sorte de la surprotéger alors que cela n’est pas nécessaire.

Il est compliqué de ne pas trouver un signe d’infériorité dans les rapports F/H.  La galanterie est vraiment une forme insidieuse de sexisme qui prouve la domination masculine et le désir sexuel.  La notion de galanterie fait partie de la vie quotidienne.  Il s’agit en fait d’une stratégie qui, en passant par des compliments, maintient les femmes comme de belles petites poupées précieuses dans un rôle inférieur à celui des hommes.  Plus les femmes sont mises sur un piédestal, moins elles sont des personnes humaines.  C’est souvent mal vécu par les femmes.  En politique, on se moque des hommes mais pas de la même manière que pour les femmes.  Une femme doit être 1000 fois plus compétente pour postuler à un poste tenu par un homme.  C’est une réalité.