Le 1er juin 2018, isala co-organisait un colloque sur un sujet d’actualité mais très peu discuté par les pouvoirs publics belges. Il était temps que la prostitution des jeunes et des mineur-e-s soient visibilisée pour que des actions puissent être mises en place.
Prostitution étudiante, jeunes filles nigérianes prostituées dans les rues de Bruxelles, exploitation sexuelle d’enfants en Belgique et ailleurs… La prostitution des mineur-e-s et des jeunes est une réalité qui a fait parler d’elle récemment (affaire RichMeetBeautiful), mais qui reste ignorée des politiques publiques. C’est pourquoi isala, le Centre femmes-hommes de Verviers et Le Monde selon les femmes, ont décidé d’organiser un colloque le 1er juin dernier, à Verviers.
Les intervenant-e-s invité-e-s ont chacun-e apporté un éclairage sur le thème du colloque : la réalité de la prostitution des enfants en Belgique (Ariane Couvreur, ECPAT), le contexte légal belge (Pascale Vielvoye, Espace 28), la culture du viol et d’hypersexualisation qui (Pascale Maquestiau, Le monde selon les femmes), la réalité à laquelle sont confrontées les associations de terrain (Pierrette Pape, isala asbl). Pascale Rouges, survivante, a partagé son histoire : « C’est seulement quand on en sort qu’on réalise les séquelles à vie qu’on va garder de la prostitution ». Son témoignage a permis de casser plusieurs mythes sur la prostitution, dont celui du choix ou l’image positive dont bénéficient les clients : « Du moment que la jeune femme a des formes, le client ne se pose pas la question de son âge, il achète ».
La prostitution étudiante a également été abordée, étant donnée l’apparition en septembre dernier de la publicité RichMeetBeautiful devant les universités (alors que la publicité pour prostitution est interdite en Belgique). Pierrette Pape a rappelé un certain nombre de mythes sur cette forme de prostitution qui n’est pas différente, dans son impact (psychologique, décrochage, isolement) et ses causes (précarité, situation personnelle et familiale), des autres formes de prostitution, mais qui semble mieux acceptée grâce au marketing stratégique des proxénètes (comme l’utilisation de termes anglais ‘sugar daddy’… qui se traduirait par « papa en sucre » !!). Stephan Durviaux, représentant le Ministre de l’aide à la jeunesse Rachid Madrane, en a profité pour rappeler l’existence du site www.stopprostitutionetudiante.be qui permet de sensibiliser et renseigner les jeunes à risque ou concerné-e-s. Les deux vidéos qui n’ont pas pu être montrées pour des raisons techniques sont disponibles à la fin de cet article.
Une table ronde des politiques a conclu le colloque : Sophie Lambert (échevine PS de l’égalité des chances de la ville de Verviers), Isabelle Stommen (députée callone cdH) et Hélène Ryckmans (députée wallone Ecolo) ont échangé sur leur vision respective. Toutes considèrent la prostitution comme un obstacle à l’égalité femmes-hommes et souhaitent voir une action plus claire du fédéral. Une belle conclusion transpartisane qui permettra, nous l’espérons, une action concertée des partis vers une vraie politique publique abolitionniste.
Merci à tous les partenaires pour ce colloque réussi !